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Le cochon d’Inde

Le cochon d’Inde

Le cochon d'Inde (aussi appelé cobaye) est un petit mammifère très populaire. Il s'agit d'un herbivore appartenant à l'ordre des rongeurs et à la famille des hystricomorphes. Il se distingue du lapin, car il possède une seule paire d'incisives maxillaires et il se différencie des myomorphes (rat, souris, hamster) par ses dents qui sont toutes à croissance continue. Ainsi, le problème de malocclusion dentaire représente une des principales raisons de consultation chez le médecin vétérinaire. Il s'agit d'un animal principalement diurne ayant une durée de vie d'environ 6 ans. La femelle doit absolument être accouplée avant 8 mois d'âge si on compte l'utiliser comme reproductrice. En effet, la symphyse pubienne se fusionne vers l'âge de 8 mois chez la femelle n'ayant jamais mis bas. Ce faisant, le bassin ne pourra pas s'adapter et s'élargir en préparation à la mise bas, provoquant une dystocie (difficulté à l'accouchement).

Alimentation

Le cochon d'Inde étant herbivore, il doit recevoir du foin à volonté. Le foin de luzerne est acceptable pour les jeunes cochons d'Inde immatures (3 semaines à 3 mois) et chez la femelle gestante, puisque ces individus requièrent une quantité plus importante de calcium dans leur diète. Toutefois, ce n'est pas le cas chez le cochon d'Inde adulte. Le foin de luzerne risque de causer la formation de calcul urinaire de calcium, provoquant l'apparition de sang dans l'urine, de l'inconfort et conséquemment une perte d'appétit. Il convient donc d'offrir au cochon d'Inde adulte du foin de Timothy, également appelé fléole des prés. Le second aliment le plus important dans la diète du cochon d'Inde n'est pas la moulée, mais bien les légumes. Il doit recevoir 1 à 2 tasses de légumes variés par jour. Parmi ceux qui sont à offrir tous les jours, on retrouve le chou vert, le chou frisé, la laitue romaine, la bette à carde, le bok choy, les feuilles de carotte, de navet et l'endive. Les épinards, le brocoli (feuille et fleur), la rhubarbe et le persil doivent être offerts deux fois par semaine maximum, car ils contiennent beaucoup de calcium. Les feuilles et la fleur de pissenlit sont également acceptables. Les carottes étant particulièrement sucrées, il est recommandé de les considérer comme des gâteries (offertes deux fois par semaine). Il est également essentiel d'introduire graduellement tout nouvel aliment dans la diète d'un cochon d'Inde : un changement trop brusque risque de provoquer de la diarrhée et même de l'entérotoxémie, une condition mortelle. Finalement, la moulée ne doit pas être offerte pour plus de 3 c. à table par cochon d'Inde par jour. Il faut comprendre qu'elle est optionnelle dans la diète du cobaye et que sa consommation en quantité excessive provoque un surplus de poids favorisant la pododermatite (infection sous les pattes) et une diminution de la consommation de foin, provoquant la stase gastrique. Les fruits doivent être offerts en quantité restreinte, car ils sont plus sucrés.

Suppléments

Le cochon d'Inde a la particularité d'être incapable de fabriquer la vitamine C. Il est donc essentiel d'en ajouter dans la nourriture quotidiennement et ce, même si des légumes et fruits frais regorgeant de vitamine C lui sont offerts. En effet, la vitamine C contenue dans les aliments a tendance à se dénaturer très rapidement une fois exposée à l'air ambiant. Des suppléments sous forme de comprimé sont offerts sur le marché. Il est recommandé de les écraser et de les saupoudrer sur un aliment humide (légume), plutôt que de les placer dans l'eau de boisson, car la vitamine C s'oxyde rapidement au contact de l'eau. De plus, elle peut changer le goût de l'eau et diminuer la consommation du cochon d'Inde, risquant de le déshydrater.

Environnement

Plusieurs femelles peuvent cohabiter dans la même cage, mais il n'en va pas de même avec les mâles, car on observe de l'agressivité territoriale. La cage doit être dotée de plusieurs cachettes (tube en PVC, boîte de carton) afin de réduire le stress de votre cochon d'Inde. La température ambiante doit se situer entre 18 et 26 degrés Celsius. Si elle est plus élevée, le cochon d'Inde risque de souffrir de coup de chaleur. La litière recommandée est le papier recyclé compacté puisqu'elle est peu poussiéreuse, alors que les litières de cèdre et de pin sont reconnues pour être irritantes autant pour la peau que pour les voies respiratoires. Le cobaye ne peut pas cohabiter avec le lapin puisqu'ils sont chacun porteur d'une bactérie nocive pour l'autre. Le lapin est porteur naturel de Bordetella bronchiseptica, une bactérie causant des infections respiratoires chez le cochon d'Inde, alors que ce dernier est porteur de Pasteurella multocida, une bactérie causant des infections respiratoires, des otites et des abcès cutanés chez le lapin. Le lapin et le cochon d'Inde ne font donc pas bon ménage.

Maladies fréquentes

Entérotoxémie

L'entérotoxémie est une condition digestive très grave. Elle est due à une croissance de bactéries qui ne sont normalement pas présentes au niveau de l'intestin du cochon d'Inde. Ces dernières produisent des toxines qui vont accéder à la circulation sanguine et causer un état de choc. Le cochon d'Inde manifestera les signes cliniques suivants : abattement sévère et soudain, respiration rapide et/ou exagérée et gencives rouge foncé.

Il existe malheureusement de nombreuses causes à l'apparition des bactéries dans l'intestin du cochon d'Inde : prise d'antibiotiques inadéquats par voie orale, changement drastique dans l'alimentation, stase gastrique, etc. Cette condition est soupçonnée lors de l'examen général du cochon d'Inde et est confirmée avec une radiographie de l'abdomen. La mise en place rapide d'un traitement est essentielle afin de freiner l'évolution de cette condition, mais s'avère efficace seulement lorsqu'il est implanté au tout début. Elle nécessite une hospitalisation afin de prodiguer des soins via un accès intraveineux.

Kyste ovarien

Le kyste ovarien est une condition rencontrée chez 88 % des cochons d'Inde femelles âgées de plus de 2 ans. Ce kyste entraîne une surproduction d'hormones sexuelles qui provoqueront des signes cliniques variables, comme de la perte de poils au niveau des 2 flancs, des démangeaisons, des décharges vaginales, de la léthargie et une perte d'appétit. Le diagnostic est posé à l'aide d'une radiographie. Dans certains cas, lorsque les kystes sont plus petits et subtils, l'échographie peut s'avérer nécessaire. Le traitement de choix est la stérilisation puisque l'ovaire problématique est alors retiré, sinon on peut avoir recours à l'injection de lupron. Ce dernier traitement est plus adéquat chez le cochon d'Inde plus âgé, car il permet la plupart du temps d'éviter l'augmentation de la taille du kyste et l'apparition des signes cliniques. Toutefois, certains individus ne répondent pas suffisamment à la médication et la chirurgie devient nécessaire. Il faut également retenir qu'un kyste de très grande taille devra être drainé sous échographie afin de ne pas gêner la fonction des autres organes qui pourraient être écrasés par ce dernier. Les injections de lupron devront être répétées à différents intervalles pouvant varier d'un individu à l'autre.

Mites de corps

Trixacarus caviae est une mite de corps affectant le cochon d'Inde. Contrairement au pou, ce parasite peut se transmettre aux autres animaux et à l'homme, provoquant des plaques rouges au site de contact et des démangeaisons. Généralement, il suffit de traiter le cochon d'Inde pour enrayer le problème, puisque le parasite ne survit à long terme que chez cette espèce. Les lésions affectant l'homme disparaîtront alors d'elles-mêmes selon leur sévérité. Par contre, certaines personnes plus sensibles auront aussi besoin d'un traitement. Le cochon d'Inde infesté présentera de nombreuses pellicules au niveau du dos et une démangeaison sévère, pouvant parfois ressembler à une convulsion. Le diagnostic est posé avec l'identification de la mite au microscope et le traitement est semblable à celui de la pédiculose.

Sarcoptes scabei est une autre mite de corps qui affecte le cochon d'Inde et les autres animaux. Toutefois, cette mite est capable de vivre à long terme chez toutes les espèces, donc tout individu atteint doit être traité afin d'enrayer complètement l'infection. L'animal infecté présentera de multiples zones sans poils, des croûtes et d'importantes démangeaisons. Le diagnostic et le traitement sont les mêmes que pour Trixacarus caviae.

Pédiculose

La pédiculose est une infestation de poux. Rassurez-vous, les trois types de poux observés chez le cochon d'Inde sont spécifiques d'espèce, c'est-à-dire qu'ils n'affectent que le cochon d'Inde. Il convient néanmoins de manipuler au minimum l'animal, car le toucher peut accroître la démangeaison. Le cochon d'Inde atteint présentera un pelage graisseux, jaunâtre et développera fréquemment des gales sur le corps suite au grattage excessif. Le diagnostic est posé par visualisation des poux et le traitement consiste en 2 injections d'Ivermectin administrées à une semaine d'intervalle. Certains individus très infectés vont nécessiter un traitement supplémentaire. Finalement, l'environnement doit être désinfecté afin d'éviter les récidives.

Pneumonie et infections des voies respiratoires-oculaires

Le cochon d’Inde est susceptible aux infections causées par les bactéries Streptococcus pneumoniae et Bordetella bronchiseptica, cette dernière étant communément appelée ''toux de chenil'' chez le chien. En effet, cette bactérie peut affecter à la fois le chien et le cochon d'Inde, ce qui signifie qu’il est impératif de séparer les deux animaux de la maison lorsqu’une infection par Bordetella bronchiseptica est soupçonnée.

La transmission peut être faite par contact direct (nez à nez) ou par contact indirect (caresse par les propriétaires, utilisation de la même couverture ou du même bol d’eau). Ainsi, on peut diminuer les risques de contamination en isolant les animaux dans des pièces séparées et en prenant soin de bien se laver les mains après chaque manipulation. Il convient également d'éviter tout facteur favorisant l'infection tels que les courants d'air (classique lors du changement d'air à l'automne et au printemps, même s'il semble faire suffisamment chaud), ou encore la proximité de la cage avec une fenêtre en hiver ou avec un climatiseur/ventilateur en été.

La période d’incubation dure en moyenne cinq à sept  jours et les signes cliniques varient en fonction de la sévérité de l’infection. Certains animaux ne développeront pas la maladie, mais ils demeureront porteurs. Ils peuvent alors manifester la maladie plus tard, par exemple lors d'une baisse d’efficacité du système immunitaire ou en période de stress. S'ils ne développent jamais l’infection, ils n’en demeurent pas moins de potentiels contaminants. La maladie se manifeste par une conjonctivite (yeux rouges, enflés, fermés, écoulement jaune-vert), par une rhinite (écoulement nasal jaune-vert, respiration bruyante, éternuements fréquents) ou encore par une pneumonie (respiration rapide, saccadée, avec mouvements prononcés aux flancs). Dans tous les cas, le cochon d’Inde peut démontrer une perte d’appétit, être plus tranquille ou immobile dans sa cage. Dans tous les cas, il convient de consulter le plus tôt possible afin de poser le diagnostic et de traiter la condition avant que des complications ne surviennent (stase gastrique, décès lors de pneumonie). La maladie peut également s’étendre à plusieurs organes lorsqu’on tarde à effectuer un traitement et une conjonctivite peut évoluer vers une pneumonie en moins de cinq jours.

Le diagnostic sera posé en fonction de l’organe atteint. Il faut tout d'abord faire un bon examen oculaire pour détecter s'il y a présence d'une conjonctivite, ainsi qu'un examen physique complet. Une culture bactérienne peut s'avérer nécessaire dans les cas de rhinite et des radiographies des poumons pourront être faites lorsqu’une difficulté respiratoire est notée ou lorsque l’auscultation pulmonaire semble anormale.

Le traitement consiste en l’administration d’antibiotiques (par voie orale ou sous forme de gouttes/crème pour les yeux). Le gavage est aussi essentiel si le cochon d’Inde cesse de manger par lui-même. Le pronostic varie de bon à réservé en fonction de la sévérité de l’infection et de l’organe atteint. En effet, comme le pus chez les cochons d’Inde tend à être plus épais, la capacité des antibiotiques à pénétrer dans les poumons est diminuée et les chances de résolution complète le sont également.

Pododermatite

La pododermatite est une infection/inflammation de la peau sous les pattes. Elle est généralement plus prononcée aux pattes arrière et est fréquemment associée à de l'obésité ou est secondaire à un trauma causé par un fond de cage grillagée. La litière à base de copeaux de pin ou de cèdre peut aussi irriter la peau, favorisant la pododermatite.

Le traitement de la pododermatite peut durer un certain temps et fait appel à la patience du propriétaire. Une crème antibiotique est utilisée afin de traiter l'infection bactérienne. L'hydrothérapie, quant à elle, favorise le renouvellement cellulaire pour guérir l'ulcération. L'animal doit être gardé au repos en cage pendant une période variable, selon l'importance de l'ulcération et la vitesse de guérison des tissus. Par la suite, l'exercice devient la clé du traitement puisque l'obésité est souvent en cause et que la perte de poids réduira les risques de récidive.

Il convient de surveiller l'appétit de l'animal durant le traitement : la douleur cause souvent de l'anorexie, ce qui peut provoquer la stase gastrique. Finalement, la correction de l'environnement est cruciale : retrait des surfaces grillagées et de la litière de cèdre ou de pin. Les récidives sont fréquentes lors de pododermatite, il faut donc surveiller fréquemment le dessous des pattes de votre compagnon afin de déceler le plus tôt possible un début d'inflammation.

Puces

Le cochon d'Inde est susceptible d'attraper les puces affectant le chat et le chien. La plupart des individus affectés ne présenteront pas de signes cliniques, sauf s'ils sont allergiques à la salive de la puce. Le cas échéant, chaque morsure de puce générera beaucoup de démangeaisons et l'animal présentera un grattage compulsif, pouvant aller jusqu'à provoquer des lésions à la peau et des infections bactériennes secondaires. Il convient de traiter le cochon d'Inde de la même manière que le chat et le chien, soit en appliquant une fiole de Advantage pour chaton sur la peau du cou une fois par mois pendant quatre mois.

Teigne

Chez le cochon d'Inde, la teigne est causée par un champignon, Trichophyton mentagrophytes. Il cause l'apparition de plaques rondes sans poils qui ont tendance à s'agrandir. Ce champignon peut aussi infecter l'homme en causant l'apparition de plaques rouges sur la peau au site de contact, souvent associées à de la démangeaison. Pour diagnostiquer ce champignon, il faut prélever quelques poils en périphérie des lésions et les mettre sur un milieu de culture. Il convient de limiter les manipulations de l'animal et les déplacements dans son environnement pendant le traitement. Il est important de porter des gants lorsqu'on manipule l'animal pendant son traitement. La teigne se traite avec une crème médicamenteuse appliquée sur les zones atteintes. Parfois, il faut aussi avoir recours à une médication par voie orale selon l'ampleur des lésions. Il convient de désinfecter l'environnement avec de l'imaverol dilué 1:50.

Scorbut

Le scorbut est une déficience en vitamine C. Il s'agit d'une condition fréquemment rencontrée chez le cochon d'Inde qui ne reçoit pas de supplément ou de vitamine C. Contrairement à nous, le cochon d'Inde est incapable de synthétiser la vitamine C, il faut donc lui fournir un supplément quotidiennement et ce, même si la moulée et les légumes frais qui lui sont offerts en contiennent. En effet, la vitamine C se dénature rapidement au contact de l'oxygène, alors tout ingrédient exposé à l'air libre perd rapidement de sa richesse en vitamine C. Le cochon d'Inde atteint présentera un poil sec et terne qui tombe facilement, une diminution de la croissance (chez les jeunes individus), une faiblesse aux membres arrière, une enflure des articulations, de la léthargie, de la diarrhée et du sang dans les urines. Le diagnostic est posé principalement avec l'histoire de présentation, les radiographies ou les tests sanguins, selon les organes touchés. Le scorbut se traite avec une prise de vitamine C adéquate, mais la réussite du traitement dépend énormément de la sévérité de la déficience et des lésions déjà présentent, car elles sont pour la plupart irréversibles.

Stase gastrique

Le système digestif du cochon d'Inde est particulièrement dépendant d'un apport riche en fibres. Une alimentation inadéquate (trop de moulée, quantité insuffisante de foin), le stress ou toute autre condition de santé entraînant de l'anorexie (calcul urinaire, tumeur utérine, pasteurellose, abcès dentaire, etc.) peut provoquer un ralentissement du transit digestif. Ce faisant, l'aliment passe plus de temps que la normale dans l'estomac, formant ainsi un bouchon constitué de nourriture compactée et de poils. Ce dernier peut interrompre le mouvement intestinal normal, causer une distension abdominale et de la douleur.

Le cochon d'Inde atteint d'une stase gastrique présente des signes tels qu'une perte d'appétit, une diminution du volume de selles produites et un comportement anormalement calme. Un cochon d'Inde particulièrement souffrant peut grincer des dents ou encore adopter une position particulière : il se couche de manière à ce que tout son ventre soit en contact avec le sol (position de grenouille).

Ainsi, un simple examen physique permet de soupçonner cette condition, mais elle sera confirmée par une radiographie abdominale. Le traitement doit être débuté rapidement après l'apparition des signes cliniques afin de prévenir l'obstruction digestive et la nécessité d'une intervention chirurgicale. Pour traiter la stase gastrique, il faut réhydrater l'animal, stimuler le transit digestif avec certains médicaments et fournir une alimentation assistée (gavage) ainsi qu'un analgésique. L'antibiotique fait également partie intégrante du traitement, puisque cette condition entraîne une fermentation accrue des aliments dans l'intestin, ce qui favorise la croissance exagérée de certaines bactéries présentes normalement en petites quantités.

Bien qu'il existe un traitement à la stase gastrique, il convient de rechercher la cause de son apparition afin de prévenir les récidives. Une évaluation de la régie de votre cochon d'Inde pourra être faite auprès de votre vétérinaire, ainsi que certains tests permettant de détecter des conditions médicales potentiellement responsables.

 

Si votre cochon d’inde a besoin d’un soin qui ne peut être fait dans votre hôpital, nous transférerons son dossier vers notre équipe spécialisée du Centre Vétérinaire Laval.

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